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La veuve noire d'Artignosc

Le 18/02/2023 0

Qui était donc Marie GAILLEUL ? Mariée à trois reprises à des hommes plus âgées, mère de nombreux enfants dont un certain nombre nés de père inconnus, l’histoire hors norme de cette femme nous laisse interrogatifs. Etait-elle une femme pauvre ayant besoin d’un époux pour survivre ? Ou bien une veuve noire épousant des hommes beaucoup plus riches ? 

Découvrons ensemble son histoire.

Marie, connue à l’état civil sous les prénoms de Marie Delphine, naît à Artignosc-sur-Verdon (Var) le 05 novembre 1778. Elle est la fille de Barthélémi, tisseur à toile du village, et de sa femme Elisabeth TERRASSON. L’étude démographique du village montre qu’il s’agit d’un village plutôt modeste, bien moins riche que son voisin Baudinard-sur-Verdon, peuplé en majorité de cultivateurs et artisans.En 1742, le village est touché par une épidémie, peut-être la grippe, qui décime un grand nombre d’habitants. D’autres épisodes auront lieu ici et là. Marie est l’ainée de sa fratrie, arriveront derrière elle trois petits frères: Honnoré né 1780 et décédé à l’âge d’un an; Louis né en 1781 et décédé à l’âge de 2 mois; et Jean Louis né en 1785 et qui se mariera en 1808.

Nous ne savons pas grand-chose de son enfance. Elle grandit avec ses deux parents et son frère, à travers les affres de la Révolution, et connaîtra les débuts de la République et le calendrier républicain.

Le 09 février 1801, Marie épouse Pierre CONSTANS, simple cultivateur, son premier époux. Elle est âgée de 23 ans, son époux en a 65. Ils auront ensemble 5 enfants malgré l’âge avancé de Pierre: 

  • Pierre Barthélémi Hilaire, né en 1802, décédé en 1817 à l’âge de 15 ans;
  • Jean, né en 1806, décédé 2 semaines plus tard;
  • Sauveur Pierre, né en 1807, décédé en 1880;
  • Marie Magdeleine, née en 1810 et décédée en 1811;
  • Sébastien, fils posthume né en 1812, décédé en 1855.

A la naissance de ses enfants, Pierre était très âgé: 66 ans à la naissance du premier, 75 ans à la naissance du dernier. Un témoin des naissances revient souvent, un certain Antoine FOUQUE, voisin du couple. Pierre décède finalement le 29 juin 1811, il ne verra jamais la naissance de son dernier fils. Bien que les dates de conception présumées correspondent, l’écart d’âge entre les époux et l’âge avancé de Pierre posent question. Était-il encore capable, physiquement, d’engendrer une descendance ? Était- il vraiment le père des enfants ? Le doute demeure, et s’installe doucement.

Entre-temps, Marie perd ses deux parents. D’abord son père, Barthélémi, en 1802, puis sa mère Elisabeth en 1810.

Suite au décès de son époux, Marie reste veuve plusieurs années. Et pourtant, elle donnera naissance à plusieurs enfants naturels:

  • Chrétienne, née en 1814, décédée en 1817.
  • Jean Baptiste, né en 1816, décédé la même année à l’âge de 9 mois.
  • Maouri Jean Baptiste, né en 1818, décédé en 1884, marié en 1843 avec Marie Catherine GIRAUD.
  • Jean Pierre, né en 1820, décédé en 1865, qui épousa en 1845 Thérèse Mélanie GIRARD.

Tous ces enfants sont nés de père inconnu. Pourtant, il y a un point commun - autre que leur mère - entre ces naissances. En effet, un témoin revient à chaque fois, et pas n’importe lequel: Antoine FOUQUE, cultivateur, dont nous parlions plus haut. Cet homme nous intéresse particulièrement. En mai 1821, il perd son épouse, Thérèse SAPE, âgée de 70 ans. Le 16 juillet 1821, il épouse en secondes noces Marie GAILLEUL. Elle est alors âgée de 41 ans, lui en a 61. C’est ce remariage qui nous amène à nous questionner sur la paternité des 4 enfants naturels. Antoine était encore marié à sa première femme au moment de la naissance des 4 enfants, mais il était témoin de chacune des naissances, avant d’épouser la mère des enfants. Était-il donc leur père ? On ne le saura pas car les enfants ne seront jamais reconnus.

Quant à Marie, elle épouse de nouveau un homme plus âgé qu’elle. 

Ensemble, ils auront une fille, Marie Ildurine, née en 1826 (Marie avait 45 ans, son mari 65), qui décédera en 1830 à l’âge de 5 ans.

Marie perd son second époux le 21 septembre 1837. Antoine était âgé de 76 ans, Marie en avait 56.

Elle poursuit sa vie de veuve pendant 10 ans, et l’on pourrait penser que l’histoire s’arrête là jusqu’à son décès. Mais non. A l’âge de 69 ans, le 30 avril 1847, elle se marie une troisième fois à Artignosc, avec Jean Joseph REYNIER, propriétaire veuf âgé de 75 ans. Ils n’auront évidemment plus d’enfants ensemble à leur âge avancé. Marie sera grand-mère plusieurs fois, et finira ses jours d’abord avec son 3e époux, qui décédera 4 ans plus tard en 1851. Puis seule. Elle décèdera en 1856 à l’âge honorable de 78 ans, après une vie familiale et maritale bien remplie.

Alors, que peut-on penser du parcours marital de cette femme ? Etait-elle grandement dans le besoin pour se replacer sans cesse sous la protection d’un mari plus âgé ? Souhaitait-elle trouver des époux âgés pour s’accaparer leur héritage rapidement ? Pourtant, seul son 3e époux, Jean Joseph, semble avoir une fortune relative. Nous ne le saurons jamais, mais son parcours nous aura fortement marqué.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 

 

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